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20 JAN 2025

Dr. Bruno Pougnet : "Mission Verte a fait sa part"

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Chimiste de formation et chercheur passionné, le Dr Bruno Pougnet est le président de Mission Verte, une ONG engagée dans la préservation de l’environnement. Qu’est-ce qui l’a motivé à rejoindre Mission Verte ? « Personnellement, je dirais que c’est l’indignation face à l’inconscience des gens qui dégradent notre environnement », confie-t-il.

C’est début 2007, à l’initiative d’un groupe d’amis, que Mission Verte a été fondée. Lors de randonnées, devant le constat de la quantité de déchets présents dans la nature, ils ont voulu faire changer les choses, notamment à travers la sensibilisation et en donnant au public les moyens de faire recycler ses déchets. « Nous avons commencé à faire circuler des newsletters pour informer sur le sujet et avons contacté des recycleurs pour faire reprendre les déchets recyclables des personnes qui étaient au courant de notre projet », explique-t-il.

Une fois le financement nécessaire obtenu, Mission Verte a installé ses propres poubelles de tri et a fait l’acquisition d’un camion de collecte. « Mission Verte dispose désormais de trois camions de collecte et d’une soixantaine de points de collecte, avec des poubelles de tri fabriquées localement pour certaines en fibre de verre et d’autres en métal », précise-t-il.

Les collectes se font manuellement, ce qui pose parfois une certaine difficulté aux équipes étant donné le poids des déchets papier et carton, par exemple. « Les collectes se font à différentes fréquences selon les sites, en fonction de la vitesse de remplissage », dit-il.

 

Faute de ressources suffisantes, il y a un risque que Mission Verte doive cesser ses activités.

Le Dr Bruno Pougnet fait comprendre que tous les déchets que Mission Verte récupère (voir encadré) sont triés par catégorie et, à condition qu’ils soient recyclables, sont livrés à des compagnies de recyclage. Ces dernières vont ensuite soit les recycler à Maurice, soit les conditionner pour l’exportation en vue du recyclage à l’étranger.

Cependant, devant les défis logistiques et les coûts y relatifs, Mission Verte réduit actuellement ses sites de collecte. « Nous pensons avoir fait notre part et nous attendons avec impatience une politique nationale pour gérer efficacement les déchets recyclables », fait ressortir le Dr Bruno Pougnet.

L’année 2024 n’a pas été simple pour Mission Verte ; certains financements sur lesquels comptait l’ONG n’ont pas été au rendez-vous. « Certainement, l’année 2025 ne se présente pas très bien, mais nous gardons confiance dans la capacité de soutien de sponsors locaux notamment avec le dispositif des fonds CSR, et s’il le faut, nous adapterons notre fonctionnement au contexte actuel », dit-il.

Néanmoins, Mission Verte ne peut plus continuer comme avant ses activités de collecte de déchets recyclables. Le financement est essentiel pour le fonctionnement de l’ONG. « Faute de ressources suffisantes, il y a un risque que nos activités doivent cesser. »

En attendant, « nous préférons miser prioritairement sur la sensibilisation et la formation ». D’ailleurs, il affirme que Mission Verte a joué un rôle dans la sensibilisation. « Nous faisons de la sensibilisation à travers des conférences dans les écoles et les entreprises, des activités comme des journées dans des lieux publics, des ‘clean-up’ et nous disséminons en continu des informations sur notre site web ainsi que sur les réseaux sociaux, ou lors de visites dans notre atelier de recyclage du plastique », indique-t-il. En effet, depuis trois ans, Mission Verte opère un petit recyclage artisanal et pédagogique à son atelier Freedom Plastic.

La sensibilisation est cruciale pour changer les mentalités.

La sensibilisation, poursuit le président de Mission Verte, fait passer le message dans les familles, des enfants aux parents ou l’inverse. « C’est le premier pas avant que des actions concrètes de tout un chacun ne fassent évoluer la situation dans le bon sens. Chacun, selon ses moyens et sa méthode, peut aider à faire prendre conscience qu’il nous faut changer notre manière de gérer les déchets et, surtout, que nous devons moins en produire et ne pas les laisser abîmer notre environnement », insiste-t-il.

Et si nous ne prenons pas ces initiatives ? Nous nous exposons au risque d’un environnement dégradé, moins attractif et posant des risques sanitaires pour l’ensemble de la population. « Notre économie aujourd’hui, dépend beaucoup du tourisme. Pensez-vous que les touristes continueront à venir sur notre île dans un environnement dégradé ? Non, et cela nous amènera à une économie qui baisse et donc, à un problème social pour les Mauriciens eux-mêmes », alerte le Dr Bruno Pougnet.

Il en est convaincu : « Il est nécessaire qu’un pays gère de façon raisonnable les flux de déchets produits par la société dans son ensemble. Cela passe par la prise de conscience. Nous avons été parmi les premiers, si ce n’est les premiers, à proposer au public un accès gratuit à des points de dépôt de tri pour plusieurs types de déchets. Mais cela a été fait à notre modeste échelle d’association qui, pour son fonctionnement, dépend de donations émanant principalement d’entreprises privées et parfois d’organismes internationaux. »

 En recyclant des déchets, les citoyens et entreprises contribuent à détourner une certaine proportion des déchets du centre d’enfouissement de Mare-Chicose.

 Le Dr Bruno Pougnet rappelle que le site d’enfouissement de Mare-Chicose est saturé depuis des années déjà. « En triant les déchets, cela détourne une certaine proportion des déchets du centre d’enfouissement car une bonne part de ce qui arrive là-bas pourrait être recyclée. Cela diminue le volume et, donc, le taux de remplissage du centre d’enfouissement », souligne-t-il.

De plus, le tri est une source d’économie : chaque tonne de déchets qui est enfouie représente une facture de plus pour le pays. « Il est important de noter que le recyclage fait partie d’un ensemble de solutions pour les déchets, mais il n’est pas la principale solution. Il est primordial, avant de s’occuper de recyclage, d’encourager la réduction et la réutilisation. »

Pour lui, ce sont nos modes de production et de consommation qu’il faut revoir. « Les mentalités doivent évoluer afin que tout le monde puisse faire sa part pour que notre société produise moins de déchets. Si nous ne le faisons pas, la situation sera encore plus insoutenable et nous allons léguer d’énormes problèmes de pollution aux générations suivantes », prévient le Dr Bruno Pougnet.

Extrait d’un dossier spécial réalisé par Le Dimanche/L’Hebdo et Le Défi Vert, en partenariat avec la MCB.

Crédit Photo : Jenna Ramoo

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